• Dessins érotiques

     

     

    "Comment décrire cette chair qui me rend si attentif?" Obsédé par cette question, Auguste Rodin a réalisé durant la fin de sa vie des milliers de dessins et aquarelles érotiques. Le musée parisien qui porte son nom en expose une partie à partir de mercredi. Explicite.

     



     

    Dessins érotiques de Rodin à Paris. (AP/Keystone, Georgios Kefalas)
    Dessins érotiques de Rodin à Paris.

    Christina Buley-Uribe, documentaliste au musée Rodin, rappelle que face aux femmes, le sculpteur ne restait pas de marbre. "Sa réputation de sensualiste faisait le tour de tous les salons parisiens", souligne-t-elle. Cependant, l'obsession de l'artiste était aussi plastique.

     

     

    "Ce qui l'intéressait, c'était de prendre le contre-pied des poses académiques", explique Mme Buley-Uribe. Or "la pose la moins convenue, la moins académique, c'est une femme qui écarte les jambes, qui montre son sexe".

     

     

    Rodin recherchait aussi la spontanéité sur le plan technique. Il dessinait sans quitter son modèle du regard. Ses oeuvres graphiques, "il les exécutait en grande partie sans regarder sa feuille", affirme le conservateur Dominique Viéville. Alors qu'en sculpture, il construisait mentalement sa statue, "pour le dessin, il y avait un passage direct de l'oeil à la main", relève le directeur du musée. Ces premiers jets sont souvent retravaillés ensuite.

     

     

    Toujours dans cette recherche de spontanéité, Rodin croque ses modèles en mouvement: en train de retrousser leur jupe, de se dévêtir, de se laver, de s'essuyer, de se caresser, de se coiffer, de s'habiller.

     

     

    Parfois en revanche, il leur suggère des poses inconfortables. En témoignent son "Supplice japonais (Femme nue sur le dos enlaçant ses genoux haut levés)", "Homme nu à la renverse", "La Nuit (Femme nue allongée, de face, une jambe levée, une main au sexe)" ou encore "L'Orage (Femme nue faisant le pont)". Pour ces contorsions et autres grands écarts, il engage des danseuses, dont Alda Moreno de l'Opéra comique.

     

     

    A peu près à la même époque, Henri de Toulouse-Lautrec va croquer dans les maisons closes et Edgar Degas dans les salles de ballet. Auguste Rodin dessine, pour sa part, en atelier, comme Pablo Picasso. Cependant, si l'atelier apparaît dans les dessins de l'Espagnol, il est totalement absent de ceux du Français. Les corps des modèles sont "isolés dans la feuille de papier", observe Dominique Viéville. Comme pour renforcer leur caractère universel.

     

     

    "Rodin, les figures d'Eros, dessins et aquarelles 1890-1917", du 22 novembre 2006 au 18 mars 2007 au musée Rodin, à Paris.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :