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    1991-2011. En l'espace de vingt ans, les mauvais élèves sont devenus les modèles d'aujourd'hui. En 1991, les pays «en voie de développement» (on ne les appelait pas encore les «émergents») sont endettés. Les pays occidentaux leur font la leçon et leur impose la bonne gestion de leurs comptes via la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.

    Aujourd'hui, les rôles sont inversés: Européens et Américains se font tancer par les puissances émergentes, Brésil et Chine en tête. Deux chiffres pour saisir l'écart actuel entre les finances publiques de ces deux grands groupes de pays : en 2010, la dette des États occidentaux était plus élevée de deux tiers de celle des émergents (70% contre 45%), d'après une étude Moody's.

    Les émergents reviennent de loin

    «L'essentiel des pays qui se trouvaient à l'épicentre des crises précédentes (Mexique en 1994, pays asiatiques et Russie en 1998, Brésil et Argentine début 2000, NDLR), sont désormais sortis hors de la zone dangereuse en matière de finances publiques», expliquent les économistes Daniel Cohen et Cécile Valadier dans une étude récente. Un exemple : l'Indonésie, frappée par la crise asiatique à la fin des années 1990, traînait une dette publique représentant 95% de son produit intérieur brut (PIB) en 2000. Aujourd'hui, elle se limite à 27%.

    Les pays émergents reviennent donc de loin. «Pendant la dernière décennie, et spécialement entre 2003 et 2008, les pays émergents se sont désendettés, note Jean-Louis Martin, économiste chez Crédit agricole. Cette évolution contraste avec celle des pays développés, où la dette a stagné par rapport au PIB, avant de s'envoler depuis trois ans.»

    Deux principaux facteurs expliquent la bonne santé des émergents aujourd'hui. D'abord, ils ont amélioré leur discipline budgétaire au tournant des années 1990-2000 sur les conseils de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. Ils ont également profité d'une croissance beaucoup plus forte que les pays développés, ce qui a contribué à réduire leur dette (grâce à plus de recettes fiscales notamment). Le Pérou a par exemple connu une croissance de 5,5% sur la dernière décennie. En outre, 29 pays ont bénéficié de l'effacement de leur dette par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. Cette dernière politique a beaucoup profité aux États africains entre 1994 et 2009.

    Explosion des dettes

    En revanche, les pays occidentaux n'ont pas connu de très forte croissance et n'ont pas non plus, pour certains, appliqué une discipline budgétaire à toute épreuve. La plupart ont abordé la crise avec des finances publiques déjà mal en point. Résultat, les pays qui connaissent le plus de problèmes d'endettement* ont vu leur ratio de dette sur PIB exploser de 134% depuis le début de la crise, ont calculé les économistes américains Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff.

    Selon leurs travaux effectués sur les pays émergents ces vingt dernières années, il faut sept ans à un État pour assainir ses comptes. Ils prédisent, pour les pays occidentaux en difficulté, une douloureuse «décennie de la dette» jusqu'en 2017, au moins.

     

    * États-Unis, Royaume-Uni, Irlande, Islande, Portugal, Espagne, Grèce


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