• Ils étaient nombreux, samedi dernier, dans plusieurs villes de France, à défiler en portant le célèbre masque de Guy Fawkes. Les Anonymous sont descendus dans la rue pour protester contre l’Accord commercial anticontrefaçon (Anti-Counterfeiting Trade Agreement, Acta), qui poursuit tranquillement son chemin vers sa ratification. 

     

     

     

     

     

    C’est la première manifestation de ce genre depuis jeudi 24 janvier… Date à laquelle des représentants de l’Union européenne - ainsi que de l’ensemble des pays les plus riches de la planète - ont signé l’Acta à Tokyo, dans une relative indifférence. Et pourtant, sur le Web, il y a bien longtemps que la résistance à cet accord, qui pourrait demain mener à une forte restriction des libertés sur Internet, s’organise. En témoigne la pétition anti-Acta sur Avaaz.org à destination des députés européens, qui réunit déjà plus de 1 million de signataires.
    Plusieurs personnalités et partis politiques se sont par ailleurs opposés publiquement à l’accord. C’est notamment le cas d’Eva Joly : la candidate écologique à l’élection présidentielle a critiqué la signature dans un communiqué : « Alors qu'aux Etats-Unis les projets de loi Sopa et Pipa se sont fait retoquer à  la suite de la mobilisation massive des internautes, l'Union européenne et la France poursuivent aveuglément la voie tracée par les lobbies industriels, en restant sourdes aux interpellations des citoyens. » Mme Joly a par ailleurs rappelé que, au-delà d’Internet, ce texte aura des conséquences sur la production de médicaments génériques et sur la dépendance des agriculteurs envers les grands semenciers.
    En Pologne, la fronde a également gagné des parlementaires de gauche, qui ont symboliquement revêtu le masque des Anonymous à l’Assemblée pour protester. Alors que dans les grandes villes du pays, de nombreux jeunes défilaient.

    Le rapporteur du texte au Parlement rend son tablier

    Le plus grand coup d’éclat contre l’Acta vient cependant d’un eurodéputé français, Kader Arif. Nommé rapporteur du texte, il a tout bonnement décidé d’abandonner sa mission « pour ne pas participer à la mascarade » que représente cet accord. Un geste symbolique pour « dénoncer de la manière la plus vive l'ensemble du processus qui a conduit à la signature de cet accord : non-association de la société civile, manque de transparence depuis le début des négociations, reports successifs de la signature du texte sans qu'aucune explication ne soit donnée, mise à l'écart des revendications du Parlement Européen pourtant exprimées dans plusieurs résolutions de notre Assemblée ».
    M. Arif poursuit en expliquant que « cet accord peut avoir des conséquences majeures sur la vie de nos concitoyens, et pourtant tout est fait pour que le Parlement européen n'ait pas voix au chapitre. » Le Parlement européen devra toutefois voter le texte pour que l’Acta soit définitivement adopté. Affaire à suivre.

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